Qui dit vacances dit attraper l’un ou l’autre de ma très haute pile, certes à moitié effondrée donc plus large que haute, de « livres pas encore lus » et me plonger dedans.
C’est ainsi que j’ai goûté Une saison dans les limbes de Robert Scholtus : petit livre troublant en ce qu’il parle de ces zones frontières, de ces zones floues, qui semblent bien souvent régner en notre vie quotidienne.
Comme souvent avec lui, on a l’impression qu’il part en un sens – ici, la si facile et non moins fréquente dénonciation de la modernité – pour s’apercevoir qu’il en extrait finalement des paradoxes, qu’il cherche à montrer la complexité d’un sujet insaisissable qui est celui de notre vie…
Cela en fait un livre tout particulier, ardu et poétique à la fois, éveilleur de réflexions, de pensées, de méditations. Comme un appel à la vie, à nous ramener plus à notre condition de vivant, à nous sortir de notre éventuel contentement « limbal » qui nous guette chaque jour.
Car, au cœur de ce livre, on trouve cette page, qui s’inscrit comme une bonne bourrasque de vent reçue sur le visage, en ce qu’elle a d’instantané, de fort et de vivifiant :
« La vie, vivace et folle, qui s’improvise comme un air de jazz, la vie sautillante et inattendue, la vie au risque de la blessure, au prix de l’abandon, la vie ouverte à l’inconnu, offerte à la rencontre, la vie embarquée en haute mer, affrontée à tous les dangers, promise au déroutement et à l’extravagance de l’amour, voilà ce qu’ils redoutent. »
in R. Scholtus, Une saison dans les limbes, éd. Bayard, p. 81